Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 5, Didot, 1881.djvu/156

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Qui, sous ces clartés taciturnes,
Du trône disputant l’honneur,
Se livraient des assauts nocturnes
Autour des meules du faneur.

Adieu, mystérieux ombrages,
Sombre fraîcheur, calme inspirant ;
Mère de Dieu, de qui l’image
Consacre ce vieux tronc mourant,
Où, quand son heure est arrivée,
Le passereau loin des larcins
Vient cacher sa jeune couvée
Dans les plis de tes voiles saints.

Adieu, chapelle qui protège
Le pauvre contre ses douleurs ;
Avenue où, foulant la neige
De mes acacias en fleurs,
Lorsque le vent l’avait semée
Du haut de ses rameaux tremblants,
Je suivais quelque trace aimée,
Empreinte sur ses flocons blancs.

Adieu, flots, dont le cours tranquille,
Couvert de berceaux verdoyants,
A ma nacelle, d’île en île,
Ouvrait mille sentiers fuyants,
Quand rêveuse, elle allait sans guide
Me perdre en suivant vos détours
Dans l’ombre d’un dédale humide
Ou je me retrouvais toujours.

Adieu, chers témoins de ma peine,
Forêt, jardin, flots que j’aimais !
Adieu, ma fraîche Madeleine !
Madeleine, adieu pour jamais !