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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/174

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nais point qu’entre lui et moi il se soit produit en elle la moindre chose ; c’est pourquoi je me rattache directement à lui. » (Critique de la philosophie kantienne, dans Le Monde comme volonté et représentation, éd. Grisebach, t. I, p. 533.) Voilà donc ramenée à rien la philosophie d’un Fichte, d’un Schelling, d’un Hegel, de ceux que Schopenhauer appelle les « trois grands sophistes » et à qui, comme on sait, il a prodigué sous toutes les formes l’invective et l’injure. — Un des plus fidèles parmi les disciples actuels de Schopenhauer, Paul Deussen, dans ses Éléments de la Métaphysique (p. 67 de la traduction Nyssens), déclare que, par de nombreuses et remarquables analogies, Schopenhauer est à Kant ce que Platon est à Socrate ; les autres continuateurs de Kant sont comparables, tout au plus, aux Socratiques imparfaits. — De toute façon, suivant l’indication que fournit Schopenhauer dans la Préface de la première édition de son grand ouvrage sur Le Monde comme volonté et représentation, la connaissance du Kantisme est la clef nécessaire de l’intelligence de son œuvre. « L’effet, dit-il, que produisent les écrits de Kant sur un esprit qui s’en pénètre véritablement est tout à fait semblable à l’opération de la cataracte ; lui, Schopenhauer, offre aux personnes délivrées de la cataracte par cette opération des lunettes comme on en fait pour des gens dans leur cas et qui, évidemment, ne sauraient être utilisées avant l’opération même. La philosophie de Kant est donc la seule dont la connaissance approfondie soit nécessaire pour entendre celle de Schopenhauer. Cependant, ajoute-t-il, si le lecteur avait fréquenté dans l’école du divin Platon, il serait encore mieux préparé à le comprendre. Si, enfin, et pour comble,