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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/44

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sont employées par Kant des expressions, comme celle d’objet transcendantal et de noumène, qui paraissent bien s’identifier ou se rapporter à la première, tout en évoquant peut-être des nuances de sens quelque peu différentes. (Voir L. Busse, Kants Lehre vom Ding an sich, pp. 7 et suiv.) Avant tout, la chose en soi est admise par Kant comme fondement de l’apparition des phénomènes, — cette apparition étant d’ailleurs régie pour nous par les formes a priori de notre sensibilité, — et la chose en soi reste inconnaissable puisque les formes a priori de la sensibilité ne peuvent saisir qu’une réalité en rapport avec elles, c’est-à-dire une réalité phénoménale. Les choses en soi sont donc, semble-t-il, affirmées immédiatement par Kant comme réelles, et sur l’autorité d’arguments très simples comme celui, par exemple, qu’il énonce dans la Préface de la 2e édition de la Critique, à savoir que rien ne serait plus absurde qu’un phénomène ou une apparition se produisît sans qu’il y eût quelque chose pour apparaître. L’existence de la chose qui apparaît est donc réelle en face du sujet qui détermine l’apparition pour lui en la conformant à ses lois. D’autre part Kant dit volontiers que le concept de la chose en soi, ou de l’objet transcendantal, ou du noumène, est un concept limitatif destiné à empêcher la sensibilité et l’entendement de prendre leurs objets qui ne sont que des phénomènes pour des choses en soi, ou qu’il est un concept problématique, à savoir un concept lié à la limitation d’autres connaissances et n’impliquant aucune contradiction, mais dont la réalité objective ne peut nous être connue. Ainsi posée dans une existence réelle, tout en restant inconnaissable, ou bien représentée dans un con-