Page:Delbos - La Philosophie pratique de Kant.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

défini permet de comprendre dans leur réalité spécifique les objets à expliquer et de rétablir l’accord de la raison avec elle-même. En approfondissant les notions et les croyances qui s’étaient imposées à son examen, il les a dépassées et transformées, au point de créer, pour l’intelligence de ce qu’elles prétendaient représenter, une méthode et une discipline toutes nouvelles.


*
* *


Issus de motifs très divers, le piétisme et le rationalisme s'étaient trouvés unis à l’origine dans une lutte commune contre l’orthodoxie régnante. Ce qu’ils combattaient en-semble, c’était l’enseignement étroit, les vaines discussions et subtilités de la théologie, c’était l’abus de la foi et de la pratique littérales, la corruption des idées et des actes uniquement suscités par le respect d’une autorité extérieure. Ce que par là même ils tentaient ensemble de produire, c’était un rajeunissement de la vie spirituelle. Mais tandis que le piétisme tâchait d’aviver ce besoin de rénovation par un appel à la conscience et par un réveil du sentiment religieux, le rationalisme l’exprimait comme un droit de l’intelligence émancipée par la culture scientifique et réclamait pour le satisfaire le plein et libre développement de la pensée.

Le piétisme avait eu Spener pour promoteur[1]. L’œuvre de Spener était-elle nouvelle en son principe, ou bien traduisait-elle simplement en une forme appropriée aux carac-

  1. Heinrich Schmid, Die Geschichte des Pietismus, 1863. — Albrecht Ritschl, Geschichte des Pietismus, 3 vol., 1880-1886. V. particulièrement t. I, p. 3-98 ; t. II, p. 97-584. — A. Tholuck, (Geschichte des Rationalismus, I, 1865, p. 9-91. — Julian Schmidt, Geschichte des geistigen Lebens in Deutschland von Leibniz bis auf Lessing’s Tod, 1862-1864, t. I, pp. 76-93, 152-156, 223-232, 240-251, 257-261, 320-324, 346-349 — Biedermann, Deutschland in achtzehnten Jarhhundert, II, 2e éd., 1880, p. 303-345. — Hermann Hettner, Literaturgeschichte des achtzehnten Jarhhundert, 2e éd., III, I, 1872, p. 53-71. — L. Lévy-Bruhl, L’Allemagne depuis Leibniz, 1890, p. 28-34.