Page:Delboulle - Anacréon et les Poèmes anacréontiques, 1891.djvu/29

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Cependant il me regarde
D’un œil, de l’autre il prend garde
Si son arc estoit seché;
Puis, me voyant empesché
A luy faire bonne chère.
Me tire une flesche amere
Droict en l’oeil, & qui de là
Plus bas au cœur dévala,
Et m’y fit telle ouverture
Qu’herbe, drogue ny murmure,
N’y serviroient plus de rien.
(Ronsard, Odes, t. II, 164, Bibl. elz.)


 
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Cette nuit en dormant, j’ay entendu la pleinte
D’un garson tremblotant qui frappoit à mon huis,
Ouvre moy, disoit-il, car tant mouillé je suis
Que presque de mon sang la chaleur est esteinte.
A l’heure de pitié sentant mon ame atainte.
Je me leve, & le mets dedans ma chambre, & puis
Je fay pour le seicher ce que faire je puis,
Mais oy, mon Savaron, sa meschanceté feinte.
Dez qu’il me void soigneux pour son bien m’empecher,
Un bel arc qu’il portoit il s’en vint deschocher.
Traitrement dessus moy dans ma poitrine saine;