Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup et babillait à tort et à travers ; par comparaison Annicca était une petite femme sérieuse. Et puis elle avait, à cette heure, de tristes pensées, bien que l’impression de la belle journée précédente persistât dans son esprit. Elle revoyait la campagne, les amandiers fleuris, la plaine, les maquis, la rivière, les bécasses, et la voix de Caterina lui semblait être celle de son oncle.

Tout-à-coup l’enfant se tut. Dans le silence profond de la nuit, le grincement de la girouette devint plus aigu et plus triste. Annicca ne pouvait dormir, parce qu’elle avait sommeillé en voiture presque toute la soirée, et maintenant, immobile, environnée de ténèbres, elle éprouvait instinctivement cette tristesse peureuse des enfants, dans un lieu étranger et parmi des gens inconnus. Lorsque le couvre-feu sonna — que les cloches étaient différentes de celles du village ! — la petite donna Anna ne put se maîtriser davantage et pleura. Caterina ne s’en aperçut point, car elle dormait profondément.