Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/48

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demeuraient trop longtemps sous le regard des jeunes gens.

Lucia et Angela, au contraire, souriaient en échangeant des regards d’intelligence.

— C’est bien la dernière fois que je vous accompagne, murmura Cesario irrité.

Annicca rougit et devint toute tremblante ; comprenant qu’elle était la cause de cette petite scène, elle eut envie de pleurer.

— Oui, jetons-les, dit-elle, mais déjà Caterina était dans l’église et plongeait sa menotte sans gant dans le bénitier.

Il était tard. Les chants finissaient et les sons de l’orgue allaient se perdre, comme un dernier écho du tonnerre, dans les antiques nefs. Annicca, ne sachant ce que c’était, fut encore plus troublée. Les jeunes gens, en assez grand nombre, s’étaient rangés en face du bénitier et de la chaire ; en attendant le sermon ils bavardaient, regardaient les belles filles en costume du pays, agenouillées par terre, les demoiselles assises sur les bancs et les chaises. À l’entrée des Velena tous se retournèrent pour examiner les nouvelles venues, tandis que Cesario se mêlait à eux.

Jamais petites mains élégantes ne firent un signe de croix gracieux comme le fut celui de