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Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/51

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sa présence. Elles babillaient aussi à voix basse, serrant la main à quelques compagnes, et Annicca se trouvait seule et abandonnée.

Elle avait entendu Lucia dire à une autre jeune fille de son âge, placée derrière elle :

— C’est Anna Malvas, notre cousine.

— Elle demeure chez vous ?

— Oui, depuis avant-hier soir…

— Pourquoi est-elle habillée de noir ?

Un léger accès de toux, réprimé par une main gantée, empêcha Annicca d’entendre la fin du dialogue, mais sa confusion augmenta. Elle voyait sa petite robe noire, unie et sans grâce, faire tache au milieu de ces robes à garnitures bouffantes, aux couleurs vives ou délicates. Tout près d’elle il y avait une dame en manteau de velours noir splendide, garni de jais et de passementeries, et une petite fille dont le costume blanc était, orné de peluche vert pré. Mon Dieu Mon Dieu comme en ce moment Anna se sentait malheureuse et laide sous le petit fichu de laine et avec ses cheveux relevés Pourquoi ne s’était-elle pas fait friser ? Pourquoi ? Ses cousines, également bien vêtues et si élégantes, devaient avoir honte d’elle maintenant. Elle se retourna pour