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Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/52

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adresser un regard suppliant à Caterina, mais celle-ci n’y prit point garde…

Heureusement, le son argentin d’une petite cloche se fit entendre au même instant ; le clergé vint s’installer sur les sièges rangés au pied du grand autel ; les séminaristes, qu’Annicca, abasourdie, prit pour autant de prêtres, malgré leur jeunesse, arrivèrent à leur tour ; de nouveaux messieurs et de nouvelles dames achevèrent de remplir l’église, et un merveilleux silence s’établit instantanément lorsque le prédicateur monta en chaire.

C’était un bel homme au teint coloré, et dont les traits rappelaient tellement ceux de Paolo Velena qu’Annicca se retourna de nouveau, cherchant les yeux de Lucia, comme pour l’interroger sur cette ressemblance. La jeune fille s’aperçut de quelque chose, elle allongea le bras pour toucher l’épaule de sa cousine, et elle dit :

— Reste tranquille…

La citation latine par laquelle le prêtre commençait son discours, fut dite d’une voix si terriblement profonde et sonore qu’Annicca eut un sursaut.

Au milieu du recueillement solennel de la foule, deux demoiselles seulement, assises