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Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/62

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Autant Cesario était prétentieux et altier, autant son frère était bon et modeste.

Parfois on oubliait sa présence, et cependant elle était très-utile. Il se contentait de tout, n’élevait pas la voix, ne se plaignait jamais. Sans aucune recherche dans sa toilette, il portait des chemises de couleur à cols renversés, un gros pardessus doublé d’écarlate antique et un chapeau mou.

Il avait l’aspect d’un artiste, et peut-être l’était-il, en effet, beaucoup plus que Cesario.

Toujours à cheval, il présidait aux travaux de la campagne, donnant aux mercenaires l’exemple de l’activité et mangeant avec eux le pain noir, Chaque semaine il visitait les fermes, les bergeries et les pâturages.

Paolo Velena, occupé à son commerce de liège et à d’autres trafics, abandonnait peu à peu le gouvernement du domaine à Sebastiano et celui-ci s’imposait doucement, insensiblement. Les gens de service, quand ils frappaient à la porte des Velena, avaient pris l’habitude de demander le signor Sebastiano et non le signor Paolo.

— Sebastiano par ci, Sebastiano par là, on dirait Paolo Velena déjà mort, disait le père, avec un sourire auquel se mêlait un peu