Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/61

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à ce moment l’endroit où il avait creusé la terre, ses souliers couverts de givre.

— Oui, pourquoi ne t’es-tu pas fait avocat ? insista sa cousine.

— Parce que ça m’ennuyait d’étudier, dit-il, ne voulant pas donner d’autre explication.

— Il vaut mieux étudier que piocher.

— C’est ce que l’on verra. Toi, à table tu manges la salade et les asperges, non les livres…

Anna ne parut pas convaincue par ce raisonnement, mais en attendant, Sebastiano était la personne qu’elle préférait, même à son oncle.

Avec Caterina elle ne se trouvait pas complètement à l’aise, avec Lucia et Angela elle se sentait un peu triste. Elle était à cet âge où la compagnie des enfants ne suffit plus, et où les grandes filles intimident, parce qu’elles ne font pas attention à vous comme vous le désirez. Elles vous traitent encore en bambine et ne vous admettent pas dans leur intimité.

Anna n’avait donc pas de compagnes, à proprement, parler, et Sebastiano, qui causait sérieusement avec elle, toujours disposé à lui faire plaisir, remplissait en quelque sorte le vide de son petit cœur.