Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/71

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Caterina prit un peu de cette eau et la jeta dans le puits, en disant :

— Ainsi toute l’eau est bénite et elle ne manquera jamais.

Le jour de Pâques on envoya des gâteaux à Cesario, et Sebastiano tailla la vigne de la tonnelle. Le jardin était à présent tout replanté ; dans les sillons réguliers où tremblotaient les petites plantes d’herbages, le givre brillait sous un riant, soleil, et les amandiers étalaient leur feuillage d’un vert tendre. Le bon Jésus, qui, pendant l’hiver, couvre le toit du pauvre d’un épais tapis de mousse, ressuscitait maintenant dans la joie des aubépines écloses et des fleurs de pêchers, qui se dessinaient comme des bouquets de roses sur l’azur profond du ciel.

Lorsque le carême fut passé et que revinrent les tièdes journées d’avril, Caterina et Antonino recommencèrent à jouer follement, dans le jardin et plus loin, sur la pente qui menait à la grande route. Annicca s’amusait avec eux : le printemps semblait la ramener aux jours de son enfance.

D’une heure à deux et de quatre heures à la tombée de la nuit, Antonino, Caterina et Anna devenaient invisibles.