Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Où sont-ils ? Où ne sont-ils pas ? Maria Fara allait au jardin et les appelait à haute voix. Quelquefois Caterina répondait et sa tête mignonne apparaissait au-delà du mur, à travers un buisson d’aubépines déjà à moitié dépouillé de ses fleurs, mais on ne rentrait pas.

Ce terrain sauvage avait un charme inconnu. De la route on voyait très-bien les trois follets ; ils couraient, cheveux au vent, grimpaient comme des chèvres, et ne se faisaient jamais de mal. Le soir ils revenaient avec des vêtements troués, des ongles pleins de terre et des souliers déchirés. Remontrances ou corrections, rien n’y faisait.

Il y avait là-bas une espèce de grotte ; ils y allumaient du feu et cuisinaient. Ils goûtaient, invitaient les amies qui passaient par hasard sur la route, ou bien Caterina et Antonino ramenaient de l’école deux ou trois camarades. Dîners, soupers, parties de chasse, représentations et jeux, se succédaient sans relâche. Ils chantaient en choeur, disaient la messe ou célébraient des funérailles.

Parfois Anna se lassait : elle se montrait tout-à-coup de mauvaise humeur et s’en allait, les cheveux tout ébouriffés, s’asseoir sur