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Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/83

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Anna seule, donna Anna, comme l’appelaient les servantes, avait changé ; elle s’était transformée en jeune fille et ne jouait plus. Cependant le contact de Caterina ne lui permettait pas encore d’être constamment sérieuse et posée. Elle s’oubliait parfois ; elle descendait dans Tele ’e gardu, pour y apporter sa part de folle gaîté ; mais elle se repentait bientôt et prenait de belles résolutions.

C’était la douceur et la bonté mêmes, comme Sebastiano, à vingt-cinq ans, était la force, la jeunesse et l’honnêteté personnifiées.

Toutefois, ils n’étaient plus d’accord comme aux premiers temps. À présent, Caterina était l’objet d’une prédilection particulière de la part du jeune homme et, à certains jours, il ne paraissait même pas s’apercevoir de la présence d’Anna.

Pour la fillette toutes les attentions, tous les sourires. Sebastiano lui réservait les fruits les plus savoureux ; il la prenait en croupe et parcourait la campagne avec elle ; à table, il la servait et lui présentait les meilleures parts. Quelquefois encore, il la conduisait à la promenade et lui offrait des sorbets, pendant les soirées d’été, ce qu’il ne faisait ni pour Anna ni pour ses autres sœurs.