Page:Deledda - Ames honnetes.pdf/92

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quand les chiens arrivèrent en courant, dans un tourbillon de poussière.

— Ici, Maometto ! cria Anna, et le lévrier vint lui lécher les pieds, en faisant mille bonds joyeux.

De nouveau la route fut abandonnée ; on suivit la lisière d’un bois, on traversa des champs, et, vers huit heures, une petite colonne de fumée bleuâtre, s’élevant au-dessus d’une sombre forêt de chênes, annonça qu’on était arrivé à destination.

En effet, les domestiques étaient déjà installées pour cuisiner.

Lorsque Anna mit pied à terre, elle se sentit toute glorieuse d’être dans son bois, et le salut des servantes, qui l’appelaient donna Annicca, résonna à ses oreilles comme un hommage. Hélas pendant le reste de la journée, personne ne parut s’apercevoir qu’elle était la reine de la fête. Tous les compliments des jeunes gens, et spécialement de Pietro Demeda, s’adressaient à Lucia et à Angela.

Anna était aussi une demoiselle dorénavant, mais si éclipsée par la grande et fraîche Angela et la belle Lucia qu’à côté d’elles on ne pouvait la remarquer. Sa tresse pendante la faisait encore ressembler à une fillette, et