Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/105

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Et l’hermite du lieu, sur un décombre assis,
Aux voyageurs encore en fait de longs récits.
Ailleurs ces noirs sommets dans le fond des campagnes
Versèrent tout à coup leurs liquides montagnes,
Et le débordement de leurs bruyantes eaux
Forma de nouveaux lacs et des courans nouveaux.
Voyez-vous ce mont chauve et dépouillé de terre,
A qui fait l’aquilon une éternelle guerre ?
L’olympe pluvieux, de son front escarpé
Détachant le limon par ses eaux détrempé,
L’emporta dans les champs, et de sa cime nue
Laissa les noirs sommets se perdre dans la nue :
L’œil s’afflige à l’aspect de ses rochers hideux.
Poursuivons, descendons de ces sauvages lieux ;
Des terrains variés marquons la différence.
Voyons comment le sol, dont la simple substance,
Sur les monts primitifs où les dieux l’ont jeté,
Conserve, vierge encor, toute sa pureté,
S’altère en descendant des montagnes aux plaines.
De nuance en nuance et de veines en veines
L’observateur le suit d’un regard curieux.
Tantôt de l’ouragan c’est le cours furieux.
Terrible, il prend son vol, et dans des flots de poudre
Part, conduisant la nuit, la tempête et la foudre ;
Balaie, en se jouant, et forêt et cité ;
Refoule dans son lit le fleuve épouvanté ;