Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Leurs amours, leurs hymens, la greffe et ses prodiges ;
Comment, des sauvageons civilisant les tiges,
L’art corrige leurs fruits, leur prête des rameaux,
Et peuple ces vergers de citoyens nouveaux ;
Comment, dans les canaux où sa course s’achève,
Dans ses balancemens monte et descend la sève ;
Comment le suc, enfin, de la même liqueur
Forme le bois, la feuille, et le fruit et la fleur.
Et les humbles tribus, le peuple immense d’herbes
Qu’effleure l’ignorant de ses regards superbes,
N’ont-ils pas leurs beautés et leurs bienfaits divers ?
Le même dieu créa la mousse et l’univers.
De leurs secrets pouvoirs connoissez les mystères,
Leurs utiles vertus, leurs poisons salutaires.
Par eux autour de vous rien n’est inhabité,
Et même le désert n’est jamais sans beauté.
Souvent, pour visiter leurs riantes peuplades,
Vous dirigez vers eux vos douces promenades,
Soit que vous parcouriez les coteaux de Marli,
Ou le riche Meudon, ou le frais Chantilli.
Et voulez-vous encore embellir le voyage ?
Qu’une troupe d’amis avec vous le partage :
La peine est plus légère et le plaisir plus doux.
Le jour vient, et la troupe arrive au rendez-vous.
Ce ne sont point ici de ces guerres barbares,
Où les accens du cor et le bruit des fanfares