Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/119

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Aux plantes toutefois le destin n’a donné
Qu’une vie imparfaite, et qu’un instinct borné.
Moins étrangers à l’homme et plus près de son être,
Les animaux divers sont plus doux à connoître :
Les uns sont ses sujets, d’autres ses ennemis ;
Ceux-ci ses compagnons, et ceux-là ses amis.
Suivez, étudiez ces familles sans nombre :
Ceux que cachent les bois, qu’abrite un antre sombre ;
Ceux dont l’essaim léger perche sur des rameaux,
Les hôtes de vos cours, les hôtes des hameaux ;
Ceux qui peuplent les monts, qui vivent sous la terre ;
Ceux que vous combattez, qui vous livrent la guerre.
Etudiez leurs mœurs, leurs ruses, leurs combats,
Et surtout les degrés, si fins, si délicats,
Par qui l’instinct changeant de l’échelle vivante
Ou s’élève vers l’homme, ou descend vers la plante.
C’est peu ; pour vous donner un intérêt nouveau,
De ces vastes objets rassemblez le tableau.
Que d’un lieu préparé l’étroite enceinte assemble
Les trois règnes rivaux, étonnés d’être ensemble.
Que chacun ait ici ses tiroirs, ses cartons ;
Que, divisés par classe, et rangés par cantons,
Ils offrent de plaisir une source féconde,
L’extrait de la nature et l’abrégé du monde.
Mais plutôt réprimez de trop vastes projets.
Contentez-vous d’abord d’étaler les objets