Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/120

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Dont le ciel a pour vous peuplé votre domaine,
Sur qui votre regard chaque jour se promène :
Nés dans vos propres champs, ils vous en plairont mieux.
Entre les minéraux présentez à nos yeux
Les terres et les sels, le soufre, le bitume ;
La pyrite, cachant le feu qui la consume ;
Les métaux colorés, et les brillans cristaux,
Nobles fils du rocher, aussi purs que ses eaux ;
L’argile à qui le feu donna l’éclat du verre,
Et les bois que les eaux ont transformés en pierre,
Soit qu’un limon durci les recouvre au dehors,
Soit que des sucs pierreux aient pénétré leurs corps ;
Enfin tous ces objets, combinaisons fécondes
De la flamme, de l’air, de la terre et de l’onde.
D’un œil plus curieux et plus avide encor
Du règne végétal je cherche le trésor.
Là, sont en cent tableaux, avec art mariées,
Du varec, fils des mers, les teintes variées ;
Le lichen parasite, aux chênes attaché ;
Le puissant agaric, qui du sang épanché
Arrête les ruisseaux, et dont le sein fidèle
Du caillou pétillant recueille l’étincelle ;
Le nénuphar, ami de l’humide séjour,
Destructeur des plaisirs et poison de l’amour,
Et ces rameaux vivans, ces plantes populeuses,
De deux règnes rivaux races miraculeuses.