Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/141

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Et le sage pasteur qui forma mon enfance !
Souvent je m’écriois : témoins de ma naissance,
Témoins de mes beaux jours, de mes premiers désirs,
Beaux lieux ! Qu’avez-vous fait de mes premiers plaisirs ?
Mais loin de mon sujet ce doux sujet m’entraîne.
Vous donc, peintres des champs, animez chaque scène !
Présentez-nous, au lieu d’un site inanimé,
Les lieux que l’on aima, ceux où l’on fut aimé.
D’autres fois, du contraste essayant la puissance,
Des asiles du vice à ceux de l’innocence
Opposez les tableaux terribles ou touchans,
Et des maux de la ville embellisez les champs.
Du haut de ces coteaux d’où Paris nous découvre
Ses temples, ses palais, ses dômes et son louvre,
Sur ces grands monumens arrêtant vos regards,
Là règnent, dites-vous, l’opulence et les arts !
Là le ciseau divin, la céleste harmonie,
Les écrits immortels où s’empreint le génie,
Amusent noblement la reine des cités.
Mais bientôt, oubliant ces trompeuses beautés,
Là règnent, direz-vous, l’orgueil et la bassesse,
Les maux de la misère et ceux de la richesse :
Là, sans cesse attirés des bouts de l’univers,
Fermentent à la fois tous les vices divers :
Là, sombre et dédaignant les plaisirs légitimes,
Le dégoût mène au vice, et l’ennui veut des crimes :