Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/16

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montreroit dans ce nouveau genre de spectacles ; des scènes se succéderoient, chaque jour plus violentes, et les excès de la veille rendroient nécessaires les crimes du lendemain : tant l’ame, accoutumée aux impressions immodérées, ne sait plus s’arrêter, et ne connoît plus que les excès pour échapper à l’ennui !

Il est donc utile d’encourager d’autres genres de poësie, de ne pas rebuter par un dédain injuste ceux qui, sans cet appareil et tous ces mouvemens passionnés, tâchent d’embellir des couleurs poëtiques les objets de la nature et les procédés des arts, les préceptes de la morale ou les douces occupations de la vie champêtre. Telles sont les Géorgiques de Virgile : tels sont, avec la double infériorité et de notre langue et du talent de l’auteur, le poëme des Jardins et les Géorgiques françoises. La personne éclairée que je prends la liberté de réfuter regarde le sujet du premier de ces deux ouvrages comme peu intéressant. Veut-elle dire qu’il ne peut exciter ces secousses fortes et ces impressions profondes réservées à d’autres genres de poësies ? Je suis de son avis. Mais n’y a-t-il