Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/17

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que ce genre d’intérêt ? Eh quoi ! Cet art charmant, le plus doux et le plus naturel et le plus vertueux de tous ; cet art que j’ai appelé ailleurs le luxe de l’agriculture, que les poëtes eux-mêmes ont peint comme le premier plaisir du premier homme ; ce doux et brillant emploi des richesses des saisons et de la fécondité de la terre, qui charme la solitude vertueuse, qui amuse la vieillesse détrompée, qui présente la campagne et les beautés agrestes avec des couleurs plus brillantes, des combinaisons plus heureuses, et change en tableaux enchanteurs les scènes de la nature sauvage et négligée, seroit sans intérêt ! Milton, Le Tasse, Homère ne pensoient pas ainsi, lorsque, dans leurs poëmes immortels, ils épuisoient sur ce sujet les trésors de leur imagination. Ces morceaux, lorsqu’on les relit, retrouvent ou réveillent dans nos coeurs le besoin des plaisirs simples et naturels. Virgile, dans ses géorgiques, a fait d’un vieillard qui cultive au bord du Galèse le plus modeste des jardins, un épisode charmant, qui ne manque jamais son effet sur les bons esprits, et les ames sensibles aux véritables beautés de l’art et de la nature.