Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et il semble que le génie de Rome ait encore veillé sur sa gloire, en nous conservant ces chefs-d’oeuvres. Parmi les modernes nous ne connoissons guère que les deux poëmes des saisons, anglois et françois, l’art poëtique de Boileau, et l’admirable essai sur l’homme, de Pope, qui aient obtenu et conservé une place distinguée parmi les ouvrages de poësie.

Un auteur justement célèbre, dans une épître imprimée long-temps après des lectures publiques de quelques parties de cet ouvrage, a paru vouloir déprécier ce genre de composition. Il nous apprend que le sauvage lui-même chante sa maîtresse, ses montagnes, son lac, ses forêts, sa pêche et sa chasse. Quel rapport, bon dieu ! Entre la chanson informe de ce sauvage, et le talent de l’homme qui sait voir les beautés de la nature avec l’œil exercé de l’observateur et les rendre avec la palette brillante de l’imagination ; les peindre, tantôt avec les couleurs les plus riches, tantôt avec les nuances les plus fines ; saisir cette correspondance secrète, mais éternelle, qui existe entre la nature physique et la nature morale, entre les sensations de l’homme et les ouvrages d’un dieu ; quelquefois sortir heureusement