Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/27

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traduction. Il est étrange que M. de M… n’ait pas daigné distinguer la traduction en vers des traductions en prose. Il n’y a pas un homme de lettres qui, sous le rapport de la difficulté vaincue, n’en connoisse l’extrême différence. Avec un peu plus d’attention M. de M… se seroit souvenu qu’au moment où cette traduction a paru, il n’existoit encore dans notre langue aucune traduction en vers des anciens poëtes, et qu’à cet égard notre littérature éprouvoit un vide inconnu dans la littérature étrangère et particulièrement dans la littérature angloise ; il se seroit souvenu que la traduction d’Homère étoit de tous les ouvrages de Pope celui qui avoit le plus contribué à sa réputation et à sa fortune. Il ne pouvoit pas ignorer non plus, qu’indépendamment des difficultés que présente une traduction en vers, celle des géorgiques en avoit de particulières, qui ne permettent à aucun homme de goût de la confondre avec aucune autre. L’époque où l’auteur a commencé sa traduction ajoutoit encore à la difficulté. Personne alors, excepté les agriculteurs de profession, ne s’occupoit d’agriculture ; nulle société, nulle académie ne s’étoit consacrée à la théorie de ce premier