des arts ; aucun livre encore, ou presqu’aucun, n’en avoit traité ; les mots de rateau, de herse, d’engrais, de fumier, paroissoient exclus de la poësie noble : enfin l’agriculture étoit alors en pleine roture. Aussi un auteur qui entreprendroit aujourd’hui une nouvelle traduction des géorgiques, trouvant la route déjà frayée, le préjugé affoibli, les formes de ce genre de style multipliées, l’art de l’agriculture ennobli, pourroit, en faisant mieux, avoir moins de mérite, puisqu’il auroit moins de difficultés à vaincre, et ne travailleroit point avec cette hésitation qui refroidit la composition et affoiblit la verve poëtique.
Ajoutez à cela qu’il y a cent fois plus de difficultés à vaincre dans notre versification que dans toutes les langues du monde, et qu’il n’étoit pas facile de porter avec aisance et avec grâce ces entraves multipliées. Aussi doit-il être permis, ce me semble, à ceux qui ont essayé de vaincre ces obstacles, de se prévaloir des témoignages illustres qui peuvent les payer des efforts qu’ils ont faits, ou les consoler des critiques qu’ils ont essuyées. Qu’on me permette donc de citer une anecdote qui peut-être montrera quelle idée les esprits