Page:Delille - L Homme des champs 1800.djvu/67

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Et de son cœur facile obtient un prompt retour.
L’autre, ferme en sa haine ainsi qu’en son amour,
Tient baissé vers la terre un œil triste et farouche ;
Prières, doux propos, présens, rien ne le touche ;
Il repousse les dons d’une odieuse main,
Et garde obstinément un silence mutin :
Tel, décélant déjà son ame magnanime,
Jadis Caton enfant fut un boudeur sublime.
Mais l’heure des jeux sonne ; observez-le encor
Dans ces jeux où l’instinct prend son premier essor.
De talens variés quel heureux assemblage !
L’un est l’historien, le conteur du village :
L’autre, Euclyde nouveau, confie au sol mouvant
Ses cercles, ses carrés, dont s’amuse le vent.
L’un, apprenti Rubens, charbonne la muraille :
L’autre, Chevert futur, met sa troupe en bataille.
Suivez dans ses essais ce groupe intéressant.
Là peut-être à vos yeux rêve un Pascal naissant :
Peut-être un successeur des Boileaus, des Molières,
Autour du buis tournant fait siffler ses lanières,
Dont la muse eût un jour de son terrible vers
Châtié la sottise et fouetté nos travers :
Peut-être qu’un rival des Molés, des Prévilles,
Nous peint les sots des champs, qui peindroit ceux des villes.
Peut-être enfin un Pope, un Locke, un Addisson
N’attend qu’un bienfaiteur de sa jeune raison :