Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/19

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L’aimable Tivoli, d’une forme nouvelle
Fit le premier en France entrevoir le modèle.
Les Grâces en riant dessinèrent Montreuil.
Maupertuis, Le Désert, Rincy, Limours, Auteuil,
Que dans vos frais sentiers doucement on s’égare !
L’ombre du grand Henri chérit encor Navarre.
Semblable à son auguste et jeune déité,
Trianon joint la grâce avec la majesté.
Pour elle il s’embellit, et s’embellit par elle.

Et toi, d’un prince aimable ô l’asile fidèle !
Dont le nom trop modeste est indigne de toi,
Lieu charmant ! offre-lui tout ce que je lui doi,
Un fortuné loisir, une douce retraite.
Bienfaiteur de mes vers, ainsi que du poète,
C’est lui qui, dans ce choix d’écrivains enchanteurs,
Dans ce jardin paré de poétiques fleurs,
Daigne accueillir ma muse. Ainsi du sein de l’herbe
La violette croît auprès du lys superbe.
Compagnon inconnu de ces hommes fameux,
Ah ! si ma foible voix pouvoit chanter comme eux,
Je peindrois tes jardins, le dieu qui les habite,
Les arts et l’amitié qu’il y mène à sa suite.