Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/67

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Du reste composez une riche pâture,
Et que vos seuls troupeaux en fassent la culture.
Ainsi vous formerez des nourrissons nombreux,
Des engrais pour vos champs, des tableaux pour vos yeux.
Ne rougissez donc point, quoique l’orgueil en gronde,
D’ouvrir vos parcs au bœuf, à la vache féconde,
Qui ne dégrade plus ni vos parcs, ni mes vers.

Mais c’est peu de créer ces vastes tapis verts ;
Il en faut avec goût savoir choisir les formes.
Craignez pour eux l’ennui des cadres uniformes.
En d’insipides ronds, ou d’ennuyeux carrés,
Je ne veux point les voir tristement resserrés.
Un air de liberté fait leur première grâce.
Que tantôt dans les bois, dont l’ombre les embrasse,
D’un air mystérieux ils aillent se cacher,
Et que tantôt les bois les reviennent chercher.
Telle est d’un beau gazon la forme simple et pure.

Voulez-vous mieux l’orner ? Imitez la nature.
Elle émaille les prés des plus riches couleurs.
Hâtez-vous ; vos jardins vous demandent des fleurs.
Fleurs charmantes ! par vous la nature est plus belle ;
Dans ses brillants tableaux l’art vous prend pour modèle ;