Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’œil aime à contempler ces frais amphithéâtres,
Et l’or des feux du jour sur les nappes bleuâtres,
Et le noir des rochers, et le vert des roseaux,
Et l’éclat argenté de l’écume des eaux.

Consultez donc l’effet que votre art veut produire,
Et ces flots, toujours prompts à se laisser conduire,
Vont vous offrir, plus lents ou plus impétueux,
Des tableaux doux ou fiers, gais ou majestueux.
Tableaux toujours puissants ! eh ! qui n’a pas de l’onde
Éprouvé sur son cœur l’impression profonde ?
Toujours, soit qu’un courant vif et précipité
Sur des cailloux bondisse avec agilité ;
Soit que sur le limon une rivière lente
Déroule en paix les plis de son onde indolente ;
Soit qu’à travers des rocs un torrent en courroux
Se brise avec fracas ; triste ou gai, vif ou doux
Leur cours excite, apaise, ou menace, ou caresse.
De Vénus, nous dit-on, l’écharpe enchanteresse
Renfermoit les amours, et les tendres désirs,
Et la joie, et l’espoir, précurseur des plaisirs.
Les eaux sont ta ceinture, ô divine Cybèle !
Non moins impérieuse, elle renferme en elle