Page:Delille - Les Jardins, 1782.djvu/98

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Vers ces enclos sacrés appellera vos yeux.
Et toi qui vins chanter sous ces arbres pieux,
Avant de les quitter, muse, que ta guirlande
Demeure à leurs rameaux suspendue en offrande.
Que d’autres dans leurs vers célèbrent la beauté ;
Que leur muse, toujours ivre de volupté,
Ne se montre jamais qu’un myrte sur la tête,
Qu’avec ses chants de joie et ses habits de fête ;
Toi, tu dis au tombeau des chants consolateurs,
Et ta main la première y jeta quelques fleurs.

Mais entrons, il est temps, sous de plus gais ombrages.
L’architecture encore au fond de ces bocages
M’attend, pour les orner d’édifices charmants.
Ce ne sont plus du deuil les tristes monuments ;
Ce sont d’heureux réduits, qui parmi la verdure
Offrent sous mille aspects leur riante parure.
Mais j’en permets l’usage, et j’en proscris l’abus.
Bannissez des jardins tout cet amas confus
D’édifices divers, prodigués par la mode,
Obélisque, rotonde, et kiosk, et pagode,
Ces bâtiments romains, grecs, arabes, chinois,
Chaos d’architecture, et sans but, et sans choix,