le 5 de ce mois. Voici ce que, loin de mes livres et de mes papiers, je puis vous dire de l’arrivée à la Bibliothèque Nationale du manuscrit qui vous intéresse.
Au mois de mai 1904, un libraire de Munich, M. Jacques Rosenthal, avec lequel je suis en relations depuis longtemps, me communiqua un missel qu’il voulait vendre et qui lui semblait intéresser tout particulièrement la France. Un simple coup d’œil suffit pour me laisser entrevoir que c’était un livre très curieux, à la fois comme œuvre d’art et comme document historique. Ayant demandé quelle somme on en demandait, je fus effrayé du prix qu’on espérait en tirer. Je fis observer que ce prix était excessif et qu’il n’était guère en rapport avec l’état délabré du volume, ni surtout avec les ressources dont disposait la Bibliothèque. M. Rosenthal insista et m’offrit de laisser le volume entre mes mains pour que je pusse en apprécier toute la valeur. J’acceptai la proposition, et craignant que le volume fût bientôt perdu pour la France, je pris tout ce qui pouvait servir à une description détaillée. J’étais d’ailleurs fort intrigué de savoir comment ce volume, de très chétive apparence, avait pris le chemin de Munich. C’est ainsi que j’ai recueilli à la hâte les matériaux d’une notice qui est restée inédite et que je pourrai vous envoyer prochainement de Paris.
Après avoir eu le manuscrit deux jours entre mes mains, je le rendis au libraire, en exprimant le regret de ne pouvoir pas l’acquérir, et je poursuivis mes recherches pour en découvrir l’origine. J’avais acquis la preuve qu’il devait venir des confins du Poitou ou de la Bretagne, et qu’il avait été très anciennement à l’usage du prieuré de Barbechat, dépendance de l’abbaye de Fontevrault. Ne trouvant rien par moi-même, j’écrivis à plusieurs de mes amis pour leur demander s’ils ne savaient rien sur le sort des livres liturgiques de Barbechat. L’un d’eux me renvoya au volume de l’Inventaire des Archives de la Loire-Inférieure qui renferme l’indication des parties anciennes des archives des communes de ce département. C’est là que je trouvai, avec une cote de classement dans un dépôt d’archives, une notice qui me sembla répondre au manuscrit communiqué