par M. Rosenthal. Je priai un de mes amis d’aller, dans une promenade, visiter Barbechat et feuilleter l’ancien missel qui devait s’y trouver. Peu de jours après, je recevais une lettre qui avait été adressée à mon ami et lui conseillait de ne pas se déranger : le missel n’offrait aucun intérêt, et d’ailleurs les pages qui auraient pu fournir des renseignements historiques n’étaient plus lisibles, par suite de l’emploi des réactifs auxquels on avait eu recours pour en faciliter le déchiffrement. Cette particularité acheva de me démontrer l’identité du missel de M. Rosenthal et du manuscrit décrit dans l’inventaire de la Loire-Inférieure. J’avais eu, en effet, beaucoup de peine à déterminer le contenu de plusieurs pages de ce manuscrit, sur lesquelles les réactifs avaient laissé des traces faciles à reconnaître.
J’en étais là quand je reçus de M. Rosenthal une lettre dans laquelle il m’annonçait la prochaine mise en vente du Missel ; il m’en prévenait d’avance, suivant l’habitude qu’il avait contractée et dont je lui ai toujours su gré.
En le remerciant de cette gracieuse attention, et en regrettant de ne pouvoir pas faire l’acquisition, j’ajoutais que, si le manuscrit paraissait sur le marché français, je me croirais obligé de le faire saisir, comme indûment sorti d’un dépôt public, ainsi que l’atteste la mention contenue dans un inventaire officiel. M. Rosenthal s’empressa de me répondre avec indignation qu’il ne voulait pas être soupçonné un instant de détenir un objet appartenant à un établissement public. Il m’annonçait le renvoi du missel et m’autorisait à en disposer à mon gré. Le surlendemain, la poste m’apportait le missel.
J’adressai immédiatement mes remerciements à M. Rosenthal, avec mes félicitations pour la délicatesse avec laquelle il avait agi. Je lui disais que, s’il me faisait savoir comment il s’était procuré le volume, je réussirais probablement à lui faire rembourser le prix de son acquisition. Il me répondit en me donnant le nom du libraire parisien qui lui avait vendu le missel et en m’indiquant la somme qu’il avait dû débourser. J’invitai le libraire à passer à mon cabinet : il avait deviné le motif de l’invitation. Sans que je lui eusse dit un mot, il me