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Berlin, 26 juillet.

Nuit désespérante. Après un peu de sommeil, je me réveille brusquement, tremblant, glacé, avec l’impression d’un poids énorme sur la poitrine. Il faut décidément que je ne sois pas malade, au moment où tous mes gestes sont notés et ressentis.

Cette fièvre, qui me prend brusquement en plein sommeil, me secoue un tonnerre carillonnant dans les oreilles. Ce ne sera rien. Mais cela empire.

Je prends un calmant, qui me donne l’illusion de me rafraîchir, mais qui me tient complètement éveillé. Ma volonté se dérobe à mes ordres. Je veux dormir cependant.

J’ai subi bien des nuits blanches en des moments graves, et cela ne s’est point vu. Mais aujourd’hui, il faut que pas une seconde, pas une ombre, de ma force physique et morale ne soit endommagée. Je veux. Je veux.