Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/102

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Je ne peux pas.

Je pense à des plans inouïs, à des fautes qu’il y a dans des projets. Oui : je sais un grand projet de l’État-Major qui nous a tous enthousiasmés ; il semblait parfait ; il ne l’est pas ; je viens de découvrir brusquement ce qui le fera crouler. Demain, si tout cela n’est pas un méchant rêve, demain je vérifierai et ce sera de la bonne besogne. Demain sera une journée considérable.

Pourquoi n’ai-je pas pensé une seule fois à Misaine depuis avant-hier ? Il faut que je la voie.

Est-ce que je connais cette femme ? Qui est-elle ? J’en ai vu de plus belles, de plus prenantes, de plus nettes. Pourquoi suis-je si préoccupé de cette Française ?

Je ne peux m’avouer qu’une raison : j’attache une foi superstitieuse aux paroles de Misaine. En moi, s’est gravée l’impression que je n’accepterai ni entreprendrai rien sans connaître ce qu’elle en pense. Je ne parviens pas à me blâmer de cet envoûtement : je ne cherche qu’à y céder et je demande à obéir. Où est-elle ?

J’avais exigé qu’on me l’amène. Je punirai les coupables. Car c’est exprès qu’on l’a empêchée de venir. Elle eût été ravie, cette petite dame, de me conseiller ou enfin de me dire ce qui calme et encourage. Il est certain qu’elle est