Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/110

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rompra la barrière, si fort que nul ne pourra lui résister.

Qui nous résisterait au delà de cette barrière qui va être rompue ?

Dix heures : Trêves.

Les troupeaux s’amoncellent. Ce soir, demain, ils forceront la barrière inutile. Que d’hommes, et quelle haute résolution ils ont prise, de ne pas savoir ce qu’ils feront, avant de le faire !

La route. Le silence toujours.

La route de Metz. Nous n’entrerons pas dans la ville. C’est une heure mauvaise et il est inutile de me montrer. Dans quelques jours, pour la première fois, je serai sur d’être chez moi dans cette colonie où, déjà, mon image de pierre habite la cathédrale.

Mais nous voici en face de la ville. J’aperçois les maisons, la gare, la flèche d’une église, et nous repartons : on nous attend au camp improvisé de Salsburg. Comme nous changeons de route, à une croisée de chemins, une auto hâtive frôle la nôtre et disparaît dans la direction de Metz. J’ai reconnu les deux officiers et leur compagnon, celui à qui j’ai téléphoné hier de Cologne et d’Aix et dont je trouverai les télégrammes et les avis tout le long du chemin. Il s’agite à Berlin, il vérifie ma propre inspection, il est partout, Thülow, il est trop partout.