Page:Delluc - Monsieur de Berlin, 1916.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

moi vers votre gloire définitive, » comme une voix m'avait dit à moi : « Ce peuple qui est le lien est le peuple privilégié, conduis le vers l'apothéose où sera sa gloire absolue et la couronne réelle. »

Puis les mots, les paysages, les foules, tout s'est brouillé dans une confusion brumeuse où je sentais un brouillard envahir mes yeux et ma gorge, puis je me suis trouvé, épuisé, sur un petit lit de cuivre, dans une chambre claire, où la lumière du matin entrait doucement. Je ne pouvais parler. Je sifflais en respirant. En faisant un grand effort, je tournai la tête et je vis une femme en blanc assise à mon chevet. Elle me donna à boire. Elle me regardait pitoyablement. Je voulais la voir sourire. Elle médisait : « Buvez. Buvez ». Mais je repoussai la tisane en râlant :

— Souriez.

Elle ne souriait pas.

J'insistais. Je criais presque :

— Souriez, souriez.

Mais, au prix de ma mort, elle n'eût pas souri.

Je suis pourtant bien sûr qu'elle avait les yeux de Misaine ; et qu'est-ce que cela veut dire, cette bouche qui ne sourit plus ?

Dieu… Dieu… Dieu…