Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/14

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d’un ton bas, où vibrait une désolation contenue. Et c’était aussi à cause d’une chose que Pauline m’a dite tout à l’heure… Mais ce n’est pas vrai… dis, Alix, ce ne peut pas être vrai ? s’écria-t-il d’un ton ardent.

— Quoi donc, mon chéri ?

— Mais que nous allions partir d’ici !… aller on ne sait où…

— Nous ne savons encore rien d’exact, mon enfant, mais il est bien certain que nous ne demeurerons pas ici, et peut-être pas même à Paris.

Gaétan recula d’un pas, le regard brillant de révolte.

— Pas à Paris ! Mais je ne veux pas, moi… Je ne veux plus obéir ! Je suis le marquis de Sézannek à présent, je suis le maître !

Alix soupira, consternée.

Mais le docteur fut introduit ; il tenait une lettre à la main.

— Le notaire de Ségastel informe Me Rosart qu’il existe un comte Hervé de Regbrenz, marié à Suzanne de Rézan, et qui eut de cette union trois enfants : un fils, Even, et deux filles : Georgina, actuellement veuve de Jérôme Orzal, armateur nantais, et Gaétane, mariée au marquis Philippe de Sézannek… Les Regbrenz appartiennent à la plus ancienne noblesse bretonne et leur fortune était fort considérable, mais, par suite des prodigalités du comte Hervé, ils se trouvèrent à peu près complètement ruinés, obligés de quitter Nantes, où ils menaient grand train, pour venir vivre dans leur vieux manoir de Bred’Languest, près de Ségastel. C’est là qu’ils sont encore.

— Et ce notaire dit-il quelque chose de la brouille de ma mère avec ses parents ? demanda anxieusement Alix.

— Peu de chose, mon enfant, et rien que nous ne