Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rieux… Ma pauvre Alix, vous l’avez voulu, je me reproche d’avoir troublé le cœur d’une enfant vis-à-vis de sa mère.

— Moi, je vous remercie, mon oncle. L’incertitude m’était plus pénible que tout, et, maintenant, je vais chercher les preuves de l’innocence de ma chère mère.

— Oh ! oui, cherchez… et trouvez-les, Alix ! Il m’est si dur de douter d’une sœur tendrement aimée !… Si, au moins, elle m’avait écrit, expliqué ce qui s’est passé ! Mais non, jamais un mot d’elle, rien que le silence et l’oubli !… N’auriez-vous pas agi comme moi, ma nièce ?

— Non, je ne le crois pas, mon oncle, j’aurais tout fait, tout tenté pour connaître les faits exacts ; je n’aurais douté qu’à la dernière extrémité.

— Parce que vous connaissez Georgina. Moi-même, aujourd’hui, je ne la croirais plus ainsi… Mais j’avais seize ans et, presque constamment éloigné de la maison paternelle, je ne connaissais de cette âme complexe que les côtés aimables, je me laissais prendre à ses pièges habiles ; je la croyais bonne, loyale et sincèrement dévouée à mes parents, à moi-même…Envers mon père, je professais une grande admiration et la plus entière confiance. Tous deux m’assuraient le fait, et, les circonstances venant en quelque sorte corroborer cette assertion, je ne trouvais aucune raison pour refuser de les croire… Mais, aujourd’hui, je vous le répète, bien des choses se sont éclairées pour moi… et je doute.

Au fond d’elle-même, Alix était bien obligée de convenir qu’elle ne pouvait faire à Even un reproche de sa prompte créance aux accusations portées sur sa sœur. Il était jeune, inexpérimenté, et son absolue droiture ne pouvait supposer une si monstrueuse duplicité de la part des siens, d’autant que — il fallait le reconnaître — toutes les apparences étaient