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Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/143

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— Ô ciel !… Et vous avez pu croire !… Vous ne connaissiez donc pas votre sœur, mon oncle ? Si noble, si loyale !… Oh ! c’est indigne ! murmura douloureusement Alix.

— J’ai eu tort de vous apprendre cela, dit Even d’un ton désolé. Mais je vous dis, Alix, que je n’y crois plus guère.

— Encore un peu, cependant !… Et vous n’avez pas cherché ?… Malgré l’invraisemblance de cette accusation, vous l’avez acceptée ?

— Il n’y avait pas tant d’invraisemblance que cela, Alix… Je savais mon père peu disposé à accorder Gaétane à Philippe de Sézannek. Les caractères ne lui semblaient pas devoir s’accorder, m’écrivait-il : Philippe était de faible santé, et la famille de Sézannek comptait dans ses ascendants de nombreuses mésalliances. Gaétane était fort portée aux résolutions extrêmes et, voyant le refus prêt à sortir des lèvres de son père, elle a eu l’idée de s’enfuir pour l’obliger, en quelque sorte, à donner son consentement, afin d’éviter un esclandre. L’argent lui manquant, elle a pris ce qu’elle a trouvé…

— Non, non ! dit énergiquement Alix. Où sont les preuves ?

— Je n’en ai jamais eu d’autres que la parole de mon père et de Georgina. À cette époque, cela suffisait pour moi. Aujourd’hui, hélas !… Mais pourquoi Gaétane a-t-elle fui ?

— Sans doute à cause d’un excès de persécution, mon oncle. Ma mère était très malheureuse ici, je le sais.

— Oui, Georgina ne pouvait la souffrir, mais de là à inventer une telle accusation !… Et pourquoi n’a-t-elle plus donné de signe de vie ? Alix de Regbrenz a-t-elle jamais reçu de ses nouvelles ?

— Non, jamais, mon oncle.

— Vous le voyez, tout est singulièrement mysté-