Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plant, le même ravissement se refléta dans le regard de la mère et du fils, et Even murmura :

— Écoutez-la, maman, son cœur pur a les secrets du ciel.

— Oui, oui, elle est si belle, si douce ! balbutia la vieille dame. Mais j’ai oublié Dieu… le ne sais plus…

Penchée à son oreille, Alix lui dit alors les mystérieuses tendresses du pardon divin, elle apprit de nouveau à cette âme longtemps voilée les croyances oubliées… Près d’elle, attentif et recueilli, Even écoutait, et le calme descendait sur sa physionomie autrefois tourmentée par les passions et le remords.

Un pas précipité retentit tout à coup derrière la porte. Celle-ci, violemment ouverte, livra passage à Mathurine.

— Monsieur Even, venez vite ! cria-t-elle. La maudite veut empêcher M. le Curé d’entrer.

D’un bond, Even fut à la porte. Au milieu du couloir apparaissait la robuste silhouette du curé et, devant lui, se dressait Georgina, qui lui barrait le passage…

Elle tourna vers son frère un visage blêmi par la fureur.

— Que me raconte ce prêtre ? dit-elle en essayant de modérer les intonations irritées de sa voix. Il prétend que tu l’as fait demander…

— En effet, nous l’attendons avec impatience, répondit Even avec calme. Veuillez entrer, monsieur le Curé. Recule-toi donc, Georgina, le couloir est fort étroit.

Mais elle ne bougea pas et, de ses lèvres serrées, tombèrent ces mots :

— Il est trop étroit, c’est évident, pour laisser passer un prêtre… Aussi celui-ci ne passera-t-il pas. Ma mère a depuis longtemps rompu avec ces superstitions…