Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/188

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Mathurine qui arrivait derrière lui. Ne vous avais-je pas souvent annoncé la catastrophe ?… Et, sans tous ces malheurs qui nous arrivent, vous seriez peut-être là-dessous ! ajouta-t-elle en frissonnant.

Even passa la main sur son front mouillé par l’eau de mer qui ruisselait de ses cheveux.

— Il y a quelques mois, j’aurais dit « tant mieux », murmura-t-il, mais aujourd’hui… oh ! non, non, car j’ai entrevu la justice de Dieu, et je connais désormais mon but dans la vie…

Il rejoignit Alix qui ne s’était pas arrêtée et entraînait son frère grelottant vers le manoir. Au seuil du salon, miss Elson et Rose attendaient… L’institutrice saisit Gaétan entre ses bras et s’écria en pleurant :

— Oh ! méchant enfant, quels tourments vous nous causez !… et en un pareil moment !… Monsieur Even, si vous voulez recevoir le dernier soupir de votre mère, hâtez-vous…

Il s’élança vers la chambre, et Alix le suivit sans plus songer à ses vêtements mouillés.

M. de Regbrenz, penché sur le lit, tenait la main de sa femme entre les siennes. Il n’y avait plus qu’un souffle de vie chez la mourante et cependant elle reconnut encore ceux qui entraient. Ses lèvres s’agitèrent pour parler, mais vainement. Seul son regard exprima un profond soulagement en voyant Even et Alix s’approcher d’elle.

— Elle vous a demandés, dit la voix altérée de M. de Regbrenz. Où étiez-vous donc ?

— À la recherche de Gaétan, que Maublars, de complicité avec Georgina, avait conduit à la grotte du Loup.

Le vieillard se redressa en laissant échapper une exclamation de fureur.

— Elle !… encore elle ! Quand cessera-t-elle de nous persécuter, de compromettre l’honneur de

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