Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/198

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— Oh ! docteur, c’est vous ! fit-elle joyeusement. Et cette bonne Jeanne ?

— Toujours la même, et vous envoyant cent baisers. Elle m’a bien supplié pour venir, mais, en vérité, ce n’était guère le moment, car elle est un peu encombrante et pas très utile près des malades, ma Jeanne.

— Mais qu’ai-je donc eu, docteur ?

— Une maladie très longue, dont vous voilà heureusement sortie, mon enfant. Il s’agit désormais de vous laisser soigner bien tranquillement et je réponds de votre prompte guérison.

— Et mes frères, mon oncle ?… Mais pourquoi restons-nous dans la nuit ?

— Ne vous inquiétez pas de cela, mon enfant, il le faut encore pendant quelque temps… M. Even, miss Elson et vous, les enfants, venez embrasser notre petite malade.

Ils ne se le firent pas répéter et, tour à tour, vinrent baiser le front pâle d’Alix, toute radieuse de bonheur.

— Mais je voudrais vous voir tous… Docteur, rien qu’un petit instant de lumière ! supplia-t-elle.

— Non, non, ma chère enfant, soyez raisonnable, répondit-il en comprimant l’émotion qui faisait trembler sa voix.

Elle n’insista pas et demeura silencieuse, tenant entre ses mains celles d’Even qui s’était approché d’elle le dernier… Tout à coup, elle demanda :

— Quelle heure est-il ?

Even tira sa montre et répondit aussitôt :

— Huit heures vingt.

— Comment y voyez-vous, mon oncle ? dit-elle doucement. Il faut qu’il fasse jour ou que vous ayez de la lumière.

Ils se regardèrent, confondus et désolés. Miss Elson s’écria promptement :