Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et toi, l’aîné… Voyons, tu…

Les mots s’arrêtèrent dans sa gorge. Un peu courbé en avant, les yeux fixes, il regardait Gaétan qui se tenait devant lui, la tête orgueilleusement levée.

— C’est un Regbrenz, n’est-ce pas, père ? dit la voix calme de Mme Orzal.

Elle s’était un peu penchée au-dessus du fauteuil de son père et regardait aussi le petit garçon.

— Oui, absolument, répondit enfin le comte d’une voix troublée. Il a les cheveux du même blond que toi, Gina, et les yeux de… de…

Il s’arrêta en balbutiant et passa lentement la main sur son front.

— Les yeux d’Even, acheva paisiblement Georgina. Allons, enfants, venez prendre quelque nourriture, car nous avons déjà terminé notre repas… Auparavant, miss Elson, laissez-moi vous présenter à mes parents.

On ne pouvait méconnaître qu’elle n’eût les manières et l’aisance élégante d’une femme du monde. Sa belle taille, un peu forte, lui communiquait une apparence extrêmement majestueuse, encore augmentée par la petite traîne ornant sa robe de velours éraillé et flétri. Ses mouvements avaient une grâce remarquable, et sa voix — Alix le constatait encore — était une musique à l’oreille. Plus jeune, cette femme avait dû posséder un charme ensorcelant, dont il lui demeurait des traces incontestables.

— Venez, enfants, répéta-t-elle en voyant qu’Alix et Gaétan ne bougeaient pas.

Mais ils regardaient Mme de Regbrenz… Au moment où Gaétan avait paru sous le rayonnement de la petite lampe, un tressaillement avait de nouveau agité le maigre corps enveloppé d’une vieille robe de chambre, et l’aïeule s’était penchée pour mieux voir le beau visage de l’enfant… Sa main se