Page:Delly - Dans les ruines, ed 1978 (orig 1903).djvu/46

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Devant la fenêtre, ouverte un instant pour rafraîchir ses joues brûlantes, Alix nattait sa chevelure brune en regardant le ciel où s’amoncelaient les nuages… Mais son oreille perçut tout à coup un bruit de pas légers et, vaguement, elle distingua une silhouette masculine qui paraissait venir du parc en se dirigeant vers la tour de la comtesse Anne.

Un petit frisson agita les épaules de la jeune fille à la pensée que cet homme pouvait être un malfaiteur. Elle était peu accessible aux frayeurs irraisonnées, mais savait prendre une énergique décision devant le danger immédiat. Réunissant promptement ses longs cheveux, elle gagna la petite antichambre afin de prévenir miss Elson, qui venait de rentrer dans sa chambre.

Mais, au moment de frapper, elle s’arrêta. Dans l’escalier s’entendait un pas lent, un peu pesant, qui était celui de Mathurine. Alix s’avança et, ouvrant la porte, se trouva en face de la servante.

— Que désirez-vous, mademoiselle ? demanda Mathurine en jetant un regard surpris sur la jeune fille, vêtue d’un simple jupon et d’une camisole.

— Il y a quelqu’un dans le parc, Mathurine…, un homme qui se dirige vers la vieille tour…

La lampe vacilla légèrement entre les mains de la Bretonne.

— Rassurez-vous, mademoiselle, il n’y a rien à craindre. Ce n’est pas un voleur…, c’est M. Even, dit-elle brièvement.

— Ah ! tant mieux ! J’avais un peu peur, Mathurine… Mon oncle n’habite pourtant pas cette tour en ruine ?

Un profond soupir souleva la poitrine de Mathurine.