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sinière une femme d’une cinquantaine d’années, rude Cornouaillaise, taciturne, peu facile, mais infatigable travailleuse, bon cordon bleu et fort économe. Ces qualités faisaient passer sur tout le reste Mme Dourzen, rendue plus prudente, dans les manifestations de sa nature tatillonne et exigeante, par ses précédentes expériences ancillaires. Quant à Gwen, elle trouvait chez Françoise une sorte de silencieuse bienveillance et elle sentait que jamais cette femme ne dirait un mot qui pût lui être nuisible.

Au lendemain de la méchante algarade de Rose, Mme Dourzen partit dans l’après-midi avec ses filles, pour Combalez, le château du comte de Parnacé, où avait lieu une garden-party. L’aînée portait cette robe rose faite et brodée par Gwen, avec un goût parfait. Les Parnacé comptaient aujourd’hui sur la présence du vicomte Dougual de Penanscoët, arrivé depuis une dizaine de jours à Kermazenc, où l’avaient précédé ses parents. Et Rose Dourzen voulait paraître devant lui avec tous ses avantages, pour tenter la conquête de ce jeune descendant d’une vieille race armoricaine, qui était dans la lointaine Asie une sorte de prince fabuleux, et dont on racontait cent histoires qui le montraient sous le jour d’un homme adoré comme une idole, non seulement par ses sujets, mais encore par toutes les femmes qui se trouvaient sur sa route. Quand la petite automobile à quatre pla-