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tites mules roses, également semées de minuscules points d’or.

— … Ton aïeule avait des pieds de Cendrillon… comme toi. Et voici des anneaux pour les bras et les chevilles… Il manque seulement les autres bijoux dont se parait Marie-Rose Dourzen. Son fils dut les vendre dans un moment difficile.

Les doigts de Gwen caressaient la soie de l’écharpe. Un sourire pensif venait aux lèvres de la jeune fille, qui regardait rêveusement les blancheurs vaporeuses de ces gazes tissées dans la lointaine Bénarès, sur les rives du fleuve sacré de l’Hindoustan. Bénarès, la ville sainte du brahmanisme, que lui avait décrite Mlle Dourzen en parlant de l’Inde autrefois visitée par elle.

— Essaye cela, Gwen. Je voudrais te voir dans ce costume, dit Mlle Herminie.

Gwen eut de nouveau son rire frais, si jeune et si franc.

— Je ne demande pas mieux, mademoiselle. Je suis curieuse de voir quelle tête j’aurai là-dessous.

En peu de temps, aidée par Mlle Dourzen, elle eut quitté sa vieille robe, ses chaussures très usagées, ses bas patiemment raccommodés, pour revêtir la jupe de gaze blanche, le corselet vert, le sari moucheté d’or. Macha, appelée par sa maîtresse, coiffa en couronne l’admirable chevelure que cachèrent les voiles blancs disposés avec habileté par la