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LA PETITE CHANOINESSE

ne pouvait pas s’introduire subrepticement dans leur logis !

Cette difficulté, dressée devant son désir par ce qu’il appelait « l’idée fixe d’une vieille fille rancunière », l’irritait et l’excitait, comme tous les êtres accoutumés de voir les empressements et les complaisances plus ou moins serviles s’agiter autour de leur fortune et de leur rang. Il pensait, avec un mélange d’amusement et de défi : « Si je la trouve jamais seule, votre Élys, madame de Prexeuil, je me charge de lui faire la cour, et de lui apprendre que tous les hommes ne sont pas les vilains diables représentés par votre imagination ! »

Or, juste à ce moment, son regard tombant sur un petit sentier tracé plus bas que la route, il vit Élys qui montait, d’un pas souple et vif. Elle tenait à la main son chapeau, et le soleil caressait librement ses cheveux bruns aux doux reflets de soie. La courbe harmonieuse des épaules se dessinait sous le corsage blanc, de forme gracieuse, mais sans rapport avec la mode, pas plus que la jupe de drap noir aux plis élégants qui découvrait les fines attaches des petits pieds cambrés.

Ogier la regarda un moment, tout en marchant, avec un éclair de triomphe dans les yeux. Puis il pensa : « Ce sentier doit déboucher sur la route,