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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/183

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LES DEUX FRATERNITÉS

désormais ce qu’il m’importait de savoir. Ne crains rien, je n’aurai plus besoin de toi, maintenant.

Elle se détourna pour s’éloigner. Mais un regret subit la mordit au cœur. N’avait-elle pas été trop loin dans sa franchise ? Il était un infirme, il souffrait, il pouvait avoir une excuse.

Elle tourna la tête vers lui en disant d’un ton adouci :

— Je serai toujours à ta disposition, Alexis. Malgré tout ce que j’ai pu souffrir, je n’oublie pas que tu as été bon pour moi, autrefois.

— Je te dispense de cette reconnaissance, dit-il d’un ton glacé. Je te le répète, tu n’auras plus à t’occuper de moi, désormais.

Elle s’éloigna, le cœur serré, sans voir le regard de désespoir immense qui la suivait.

Cette scène avait ramené la petite fièvre dont Claudine n’était débarrassée que depuis la veille, et la jeune fille dut se coucher vers quatre heures. Un cercle douloureux entourait son front, elle grelottait sous les couvertures, malgré la boule d’eau chaude apportée par Léonie. Mais elle refusa absolument l’offre que lui fit la femme de chambre d’appeler le médecin. Elle voulait de moins en moins devoir quelque chose aux Louviers, et, dès qu’elle aurait repris un peu de forces, elle déclarerait à Prosper qu’elle voulait travailler pour se suffire à elle-même. Il ne pouvait lui refuser cette permission qui le libérerait de sa charge, et si, comme il était probable, il refusait de lui chercher une situa-