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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/227

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LES DEUX FRATERNITÉS

garnie de livres prêtés par Mme de Revals, qui venait quotidiennement visiter la jeune fille.

Suzanne ouvrit un des volumes, mais, au lieu de lire, elle se mit à suivre du regard sa mère qui allait et venait, rangeant dans la petite pièce.

— Maman, je voudrais tant être guérie pour pouvoir vous aider ! dit-elle tout à coup.

— Cela arrivera bientôt, chérie.

— Oui, mais vous vous fatiguez beaucoup, en attendant !

— Ne t’inquiète pas de cela, ma petite fille ; je suis tellement heureuse maintenant, vois-tu ! Oh ! si seulement ton pauvre père était là !

— J’aurais tant voulu le connaître ! Lucien lui ressemble, n’est-ce pas ?

— Beaucoup. Il a aussi son excellente nature, si franche, si douce ; il est travailleur et rangé comme lui. Oh ! je suis vraiment privilégiée dans mes enfants !

— C’est que vous-même êtes si bonne, maman ! dit tendrement Suzanne en saisissant au passage la main de sa mère. Vous avez cependant dû tant souffrir ! Et cela par la faute de cet homme ! Combien vous devez le haïr !

Micheline se pencha et entoura de son bras le cou de sa fille.

— Suzanne, une chrétienne ne doit haïr personne ; bien plus, elle doit prier pour ceux qui la font souffrir.

— Oh ! maman !

— C’est ainsi qu’a agi notre Sauveur, mon enfant, et que sommes-nous près de lui, la