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Page:Delly - Les deux fraternités, ed 1981.djvu/248

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LES DEUX FRATERNITÉS

termes dont tu t’es servie, le jour où je t’ai laissé entendre que je ne pourrais vivre sans toi.

Des larmes remplirent les yeux de Suzanne.

— Tu es cruel de me rappeler ma méchanceté !

Il lui prit la main en disant avec douceur :

— Pardonne-moi. Je te remercie de la bonté qui te dirige en ce moment, elle sera un réconfort pour le peu de temps qui me reste à vivre.

— Mais je veux que tu vives ! dit-elle d’une voix étouffée. Ne me croiras-tu pas si je te dis que je serai heureuse près de toi ?

— Non, non, dit-il sourdement. Tu es très bonne, mais je ne veux pas. Tu penses m’arracher ainsi à la mort. Peut-être y parviendrais-tu, mais au prix de ton bonheur. Et cela, non, car je t’aime trop pour te voir malheureuse.

— Et si c’était là mon bonheur, cependant ? dit-elle, les yeux brillants d’une généreuse ardeur.

— Ton bonheur ! Oh ! serait-ce possible ?

Suzanne se pencha vers sa mère en murmurant :

— Maman, dites-lui comme j’ai été sotte et folle. Mais maintenant, c’est fini…

— Oui, je raconterai cela à Alexis, ma chérie. Mais, dès maintenant, je puis lui dire qu’il trouvera en toi une épouse aimante et fidèle, mais une épouse chrétienne, Alexis.

— Oh ! tant mieux, car alors elle vous ressemblera ! Mais je n’ose. Vraiment, Claudine, ne regretteras-tu pas ?